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12/11/2010

Ce qui peut faire penser à certains aspects fâcheux du bon vieux temps

J’ai récemment été contraint de changer de PC, suite à la panne définitive causée par la foudre et ayant rendu impossible l’allumage de la machine.  Ce contretemps me semblait à lui seul assez fâcheux.  Mais en réalité, ce n’était qu’un début, eu égard à une série de problèmes que j’allais rencontrer.  Depuis lors, je continue d’éprouver beaucoup de difficultés que je tarderai encore longtemps à surmonter.

J’ai réussi à restaurer toutes les données de la partition pour les Documents de mon ancien PC, mais aucune donnée de celle pour l’OS (qui contenait entre autres les messages, les dossiers et le carnet d’adresses de Mozilla Thunderbird) bien que ces deux partitions fussent sauvegardées, l’une et l’autre, sur un même disque dur externe.  Mais le plus fâcheux des problèmes est sans aucun doute celui de l’incompatibilité de la version 64 bits de l’OS Windows (préinstallée sur le nouveau PC que j’ai acheté sans y réfléchir) puisqu’il est à  l’origine de la plupart des autres problèmes.

En cherchant à utiliser comme avant les logiciels ou les périphériques que je m’habituais à utiliser depuis deux ou trois ans en moyenne et dont la plupart étaient incompatibles avec la version 64 bits de l’OS, j’ai pu télécharger les mises à jour ou les drivers spécifiquement conçus pour les rendre compatibles avec cette version, dans la mesure où les éditeurs ou les fabricants les fournissaient. 

Cependant, force est de constater que pas mal de logiciels et de périphériques, même après de telles mises à jours (gratuites), ne fonctionnent que partiellement sous diverses contraintes, tandis que certains autres programmes, que l’on ne peut même pas démarrer surtout quand aucun support technique en ligne n’est trouvable, ne fonctionnent pas du tout.  Les utilisateurs n’ont alors d’autre choix que d’en acheter les dernières versions payantes et les derniers modèles. 

Certes, une telle constatation est devenue aujourd’hui assez banale.  Par ailleurs, il y a beaucoup d’utilisateurs qui n’hésitent pas à affirmer que les éditeurs de logiciels et les fabricants (de PC ou de périphériques) s’entendent avec Microsoft pour s’assurer l’ « obsolescence programmée ». 

S’il est vrai que les trente glorieuses (considérées généralement comme l’ère du régime d’accumulation fordiste et du nouvel Etat industriel) sont révolues surtout lorsqu’il s’agit de leurs caractéristiques positives, il m’arrive parfois d’avoir l’impression que les rapports de force, les systèmes et les procédés qui ne manquent pas de faire penser à certains aspects fâcheux (et peu écologiques) de cette époque perdurent encore aujourd’hui, de plus en plus sophistiqués, voire renforcés (paradoxalement ?) sous le règne des marchés financiers pendant l’ère du « moindre Etat ».

14/09/2010

„Was soll ich länger weilen, daß man mich trieb hinaus?“

Il y a quelques jours, j’ai découvert par hasard sur YouTube des vidéos très intéressantes, qui restituent partiellement (quatre lieder sur vingt-quatre) l’atmosphère de la représentation scénique du Winterreise de Schubert interprété par le baryton allemand Jan Buchwald et mis en scène par Uwe Eric Laufenberg (en novembre 2004, au Hans-Otto-Theater, Potsdam) avec des décors si bien conçus que l’on peut comparer cette représentation à celle d’un (mono-)opéra (1). 

J’ai l’impression qu’il s’agit sans doute d’un voyage d’hiver en pleine guerre d’ex-Yougoslavie pendant les années 1990.  La scène représente la salle de séjour d’une maison partiellement ravagée où s’abrite un jeune homme qui, visiblement très nerveux, une kalachnikov dans les mains, semble s’effrayer de ce qui pourrait lui arriver.  Ce jeune homme peut paraître tantôt un habitant ethniquement isolé dans une agglomération et qui a perdu la chance de se réfugier, tantôt un milicien malgré lui qui vient de déserter son camp.

Cette mise en scène, convaincante à bien des égards, a le mérite de nous permettre de comprendre pourquoi le jeune homme a été contraint de se séparer de la Mädchen qui était sa fiancée et qu’il aime encore.  Il lui a fallu s’en aller parce que son ex-fiancée et les parents de celle-ci, appartenant à un autre groupe ethnique que le sien, se laissaient influencer par l’idéologie identitaire propagée par la presse nationaliste de la capitale de leur « patrie ethnique ».  Il suffit de lui faire traverser le XXe siècle considéré comme « l’Âge des extrêmes » pour mieux comprendre la profondeur du désespoir qu’éprouve un jeune voyageur schubertien qui se dit « fremd ».     

Il faut également remarquer que les images cinématographiques en noir et blanc qui représentent le défilé de la Wehrmacht et les bombes larguées qui tombent sur les villes se projettent sur un rideau blanc qui sert d’écran de projection, tandis que le jeune baryton et le pianiste interprètent le premier lied « Gute Nacht », comme si la marche vers la conflagration mondiale se déroulait suivant l’exécution du lied.  Par ailleurs, on peut s’étonner que le jeune homme désespéré tire sur le sol avec sa kalachnikov en chantant : „Das Mädchen sprach von Liebe, die Mutter gar von Ehe“. 

Bien que peu provocante dans son interprétation musicale (puisque l’on connaît l’ « interprétation composée » de Hans Zender), cette superbe représentation du Winterreise semble susceptible de nous apprendre à « nous étonner des conditions sociales dans lesquelles nous évoluons » et à « découvrir les situations (2)», surtout lorsque la crise financière et économique la plus grave depuis la Grande Dépression des années 1930 semble inciter certains politiciens à « désigner des boucs émissaires (3) ».

 

(1)     http://www.youtube.com/watch?v=lgQyP-B1HCc&feature=re...,

http://www.youtube.com/watch?v=1mgYVzk3G20,

http://www.youtube.com/watch?v=uaBGVlwTs3Q,

http://www.youtube.com/watch?v=CEm6axtP4l0&feature=re...

(2)  Cf. Walter Benjamin, Qu’est-ce que le théâtre épique ?, in Œuvres III, coll. « Folio essais », Gallimard, Paris, 2000, p. 322.

(3)  http://www.liberation.fr/societe/0101652813-les-roms-sont...                      

23/08/2010

Ce que signifie la stratégie allemande étendue à l’Europe

Depuis le 23 juillet dernier, les ministres et les banquiers centraux de la zone euro semblent se comporter comme s’ils croyaient que les données et les arguments ne leur manqueraient pas pour se montrer optimistes. En s’en félicitant, ils ont pu évoquer entre autres l’apaisement de la crise de la dette souveraine des pays « périphériques », les résultats des tests de résistance qui « ont montré de façon évidente que le paysage bancaire européen était suffisamment robuste » selon Jean-Claude Juncker, la situation qui « se normalise » sur le marché interbancaire et la dissipation de la crainte de voir les banques durcir considérablement leurs conditions d’octroi de crédits aux entreprises et aux ménages, avant même que l’on ne constatât la croissance du PIB meilleure que prévu au deuxième trimestre.

Même si, du moins pour le moment, les mauvais indicateurs qui, venant d’Outre-Atlantique ou d’ailleurs, témoignent du ralentissement de la reprise mondiale ont pu dissuader la BCE d’entreprendre prématurément une « stratégie de sortie », les gouvernements européens semblent toutefois rester déterminés à « poursuivre » leurs plans d’austérité dont tout le monde sait d’avance qu’ils ne manqueront pas de peser tant sur la reprise de l’économie européenne que sur celle de l’économie mondiale. Par ailleurs, il est assez facile de relativiser les bons chiffres de la croissance européenne obtenus au deuxième trimestre, puisqu’ils résultent principalement du rebond des exportations allemandes qui dépendent de la reprise mondiale et qui risquent donc de suivre fidèlement le ralentissement de celle-ci.

Certes, les pays du noyau dur de la zone euro peuvent prétendre que leurs perspectives sur la demande privée sont relativement bonnes, dans la mesure où ils se sentent à l’échelle nationale moins obligés de compenser le désendettement des entreprises et des ménages que les Etats-Unis. Cependant, si l’on tient compte de leurs déficits budgétaires et de leurs dettes publiques qui sont également moins graves que ceux de la plupart de leurs partenaires et qui leur laissent encore certaines marges de manœuvre qu’il faut envisager à l’échelle communautaire ou mondiale, leur attitude peut paraître plutôt égoïste et injustifiable surtout lorsqu’ils accordent une priorité excessive à leur propre stratégie d’assainissement budgétaire « à moyen terme ».

Comme l’affirme Jean-Paul Fitoussi, la politique budgétaire restrictive n’est pas « ce que l’on peut appeler une politique coopérative », puisque « ce type de politique ne peut […] réussir que si un seul grand pays s’y aventure (avec le consentement improbable des autres) – ou si elle n’implique qu’un nombre réduit de petits pays (1)». Il ne semble pas souhaitable que la stratégie allemande s’étende à l’Europe tout entière.

 

(1) http://www.marianne2.fr/La-rigueur-c-est-le-protectionnis...