Sous le ciel libre de l’histoire / Unter dem freien Himmel der Geschichte(expression empruntée à Walter Benjamin)2024-03-17T17:13:35+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.htmlPuisqu’un autre système-monde est possibletag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2019-05-22:61530162019-05-22T18:00:28+02:002019-05-22T17:39:00+02:00 Accablés par les conséquences économiques et sociales de la...
<p> </p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial','sans-serif';"><span style="font-size: 10pt;">Accablés par les conséquences économiques et sociales de la mondialisation néolibérale (parmi lesquelles il faut souligner notamment le recul des classes moyennes dans les pays développés) depuis plusieurs décennies, un nombre non négligeable de personnes en sont venus à croire, en refusant de regarder la réalité en face, qu’un isolement quelconque de leur pays du reste du monde leur permettrait nécessairement de retrouver leur bien-être perdu. </span></span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">Une telle attitude, caractérisée par l’aversion profonde à l’égard de tout ce qui semble inciter à « penser globalement », n’a pas manqué de se traduire par une prise de position politique en contribuant à la montée du populisme national-démondialiste. Pour ne pas nous laisser séduire par ce type de repli national, il nous semble préférable de nous référer à un point de vue altermondialiste ou internationaliste, puisqu’un autre système-monde « relativement démocratique et égalitaire » est possible. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">Dans le monde actuel, les rivalités entre deux ou plusieurs pays ou groupes de pays censés avoir des intérêts opposés peuvent être en réalité moins intenses qu’on ne le croit, même entre les Etats-Unis et la Chine, compte tenu de leur interdépendance, des intérêts communs ou imbriqués de leurs classes dominantes et des activités globalement déployées de leurs institutions financières et de leurs entreprises multinationales, tandis qu’à l’inverse, les rapports antagonistes entre les classes sociales au sein de chaque pays ainsi que la polarisation entre les 1 % les plus riches du monde et les 99 % restants au sein du système-monde ne cessent de s’intensifier. Par ailleurs, il n’est pas irréaliste de penser que, sinon une partie d’échecs benjaminienne, du moins un bras de fer à l’échelle planétaire se joue entre l’esprit de Davos et l’esprit de Porto Alegre sur l’orientation à prendre dans un des processus de bifurcation les plus critiques de l’histoire, comme le suggère Immanuel Wallerstein.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">Si nous nous laissions diviser par le sentiment d’appartenance à un pays, le patriotisme économique et l’idéologie de l’intérêt national (dont se servent couramment les élites néolibérales de nos pays pour nous faire accepter les réformes structurelles ou la politique de l’offre en agitant devant nous l’épouvantail de la dégradation du classement sur la compétitivité mondiale ou sur l’attractivité pour les investisseurs) , totalement mis en concurrence ou, plus précisément, en guerre économique et sociale entre nous, au lieu de nous solidariser mutuellement et internationalement et si, de surcroît, une force politique populiste visiblement douteuse était présentée dans chaque pays comme une alternative éventuelle unique ou principale à la mondialisation néolibérale tout en servant d’exutoire à notre mécontentement, les 1 % les plus riches du monde et le camp de Davos pourraient trouver les circonstances plutôt favorables et en profiter pleinement. Rien ne nous empêche de supposer une complémentarité ou une complicité apparemment paradoxale entre la mondialisation néolibérale et le populisme national-démondialiste. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">Il nous faut donc résister à toute tentative visant à nous enfermer dans le cadre national et plus particulièrement dans le cadre de l’Etat, qui doit être considéré comme une entité dont les compétences sont délimitées par le principe de subsidiarité. Il suffit de remarquer qu’il n’est tout simplement pas possible d’affronter à la seule échelle nationale les problèmes rencontrés à l’échelle du système-monde pour en conclure qu’il ne convient plus de maintenir un mode de pensée qui privilégie le cadre national.</span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">L’échelle nationale est une des échelles intermédiaires entre l’échelle globale et l’échelle locale. Même si elle est loin d’être devenue moins importante, il est toutefois indéniable que la lutte pour un système-monde meilleur que l’actuel nécessite plus que jamais de penser et d’agir également à toutes les autres échelles, qu’elles soient plus grandes ou plus petites que l’échelle nationale, d’autant plus que l’issue de cette lutte qui se déroule entre l’esprit de Davos et l’esprit de Porto Alegre dépend de la réflexion et de l’action de chacun. </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">« Nous ignorons qui sortira vainqueur de cette lutte. Mais ce que nous savons, c’est que dans un monde chaotique, chaque action, chaque instant, chaque réflexion, si infimes soient-ils, en affectent l’issue (1)», comme le souligne Immanuel Wallerstein (non sans nous rappeler les expressions célèbres de Walter Benjamin : « <em>eine schwache messianische Kraft </em>» et « <em>die kleine Pforte</em> »). </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';"> </span></p><p><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Arial', 'sans-serif';">(1) Immanuel Wallerstein, <em>La Gauche Globale</em>, Editions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2017, p. 51.</span></p>
Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.htmlCe que privilégient les tenants des « réformes structurelles »tag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2012-12-26:49387592013-01-02T12:03:43+01:002012-12-26T18:03:00+01:00 Face au cercle vicieux entre la contraction de l’activité...
<p> </p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Face au cercle vicieux entre la contraction de l’activité économique et les politiques d’austérité, les écologistes européens (excepté – ou y compris – Mme </span><a href="http://eelv.fr/2012/09/21/pays-bas-net-revers-de-groen-links-aux-elections-legislatives/"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Jolande Sap</span></a><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">, qui n’a pas hésité à déclarer : « Nous sommes dans une crise profonde, et des mesures douloureuses sont nécessaires ») semblent désormais enclins à reconnaître l’urgence de changer de cap en faveur de la croissance et de l’emploi, à commencer par les Verts français qui ont appelé leurs élus à voter contre la ratification du traité budgétaire européen. </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il semble aujourd’hui indéniable que tout concoure à rendre indispensable l’élaboration d’une stratégie à moyen et long termes pour la transition vers une économie durable et respectueuse de l’environnement. Certes, dans une certaine mesure, une telle orientation peut également avoir des effets favorables sur les perspectives de croissance. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Cependant, même s’il est beaucoup plus absurde de prendre l’assainissement budgétaire pour une fin en soi, il faut reconnaître que la croissance ne l’est pas non plus. Par ailleurs, pour ne pas rester trop naïfs, il est instructif de nous rappeler que les innovations techniques, surtout au cours des deux ou trois dernières décennies marquées par l’évolution conjuguée des TIC et du capitalisme financiarisé, rimaient souvent avec une croissance insoutenable qui portait en elle la précarisation de l’emploi et l’aggravation des inégalités. Il n’est évidemment pas souhaitable que les débats, détournés par les tenants des « réformes structurelles », se déroulent en privilégiant le côté de l’offre et en envisageant prioritairement de rétablir la compétitivité avec une croyance naïve et une attitude optimiste à l’égard des innovations techniques. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Bien sûr, on peut dire qu’il est possible d’orienter ces dernières par une véritable politique industrielle volontariste au lieu de laisser faire les marchés en la matière, que rien ne permet d’encourager n’importe quelle technologie ni n’importe quelle industrie et qu’il convient d’envisager prioritairement des mesures favorables à la recherche et développement et aux investissements dans des filières industrielles vertes comme les énergies renouvelables décentralisées par exemple. Mais un tel programme nous semble encore assez optimiste puisqu’un dispositif concevable pour le réaliser risque de ne pas suffire à lui seul. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il nous faut remarquer, premièrement, qu’il est absurde de mener une « politique de relance par l’offre » alors même que la demande se contracte conjoncturellement. Comme le souligne Michel Husson : « Nous ne sommes pas sortis de la récession. En France, nous avons un terreau de petites entreprises au bord de la faillite. Ce dont elles ont besoin dans l’immédiat, c’est qu’on gonfle leur carnet de commandes. Or, le gouvernement crée de la récession en cherchant à tout prix à retrouver l’équilibre budgétaire. Il compromet le redémarrage. Pour que les politiques de « reconstitution » de l’offre compétitive soient efficaces, il faut qu’il y ait des perspectives de croissance et de demande. Or, si on coupe la demande, on s’éloigne de la possibilité d’une amélioration de la croissance. D’autant que tout le monde en Europe fait à peu près la même chose. Cette lutte pour le partage du gâteau fait diminuer le gâteau. Cette politique est un pari. Coincé entre les contraintes budgétaires et un diagnostic faux (1) ».</span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il nous faut noter, deuxièmement, que ce n’est pas seulement d’un point de vue conjoncturel mais aussi d’un point de vue structurel qu’il y a des problèmes majeurs du côté de la demande tandis que les tenants des « réformes structurelles » inspirées principalement de l’économie néoclassique refusent d’en reconnaître l’existence. Contrairement à ce qu’ils diagnostiquent, c’est plutôt la demande qui est structurellement faible.</span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Depuis les années 1970, la faible croissance est devenue la règle (et non plus l’exception) dans les pays développés. Cette stagnation de très longue durée des économies avancées peut s’expliquer par les effets conjugués des faits suivants : l’épuisement du régime d’accumulation fordiste suivi de la dégradation du compromis institutionnalisé entre le capital et le travail, le triomphe de l’idéologie néolibérale sur le keynésianisme et la social-démocratie, la mondialisation, l’exacerbation de la concurrence internationale souvent accompagnée du dumping social et fiscal, la financiarisation de l’économie qui ne manque généralement pas d’imposer aux entreprises les impératifs de la « création de valeur actionnariale », la pression à la baisse sur les salaires, la précarisation de l’emploi, l’aggravation des inégalités, les réformes fiscales inspirées de la « théorie du ruissellement », l’ébranlement du système de protection sociale, les atteintes qu’en subissent les ménages à forte propension à consommer, la perte de la confiance dans l’avenir, le vieillissement de la population, la saturation des marchés de <span style="line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">toutes sortes</span> de biens et de services (et bien d’autres encore). <br /></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Depuis le début de cette longue période de stagnation qui semble malheureusement loin de se terminer, aucune croissance exceptionnellement forte n’a jamais pu se faire jour qu’en ayant recours à des moyens insoutenables comme le gonflement des bulles spéculatives financières et immobilières favorisé par la politique monétaire ultra-accommodante des banques centrales tandis que l’effet de richesse renforcé par le refinancement hypothécaire stimulaient la consommation des ménages. Cependant, chaque fois qu’une nouvelle bulle spéculative se gonflait, on se plaisait à soutenir la fameuse hypothèse selon laquelle les économies avancées seraient entrées dans une nouvelle phase longue d’expansion puisqu’un nouveau modèle de croissance se serait élaboré avec de nouvelles industries et technologies motrices… grâce aux innovations. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Bien sûr, s’il est vraiment possible d’élaborer un nouveau modèle de croissance, il est souhaitable que de nouvelles industries et technologies adéquates aussi bien aux exigences de la transition vers une économie durable qu’aux besoins liés au vieillissement de la population deviennent motrices. Il est également souhaitable que nos pays en déclin (relatif) puissent ainsi sortir de la stagnation de très longue durée. Mais cela ne pourra jamais s’accomplir tant que l’on ne cessera pas de privilégier le côté de l’offre et la compétitivité au détriment du côté de la demande et de la solidarité, tant à l’échelle nationale qu’européenne. Les pays du noyau dur de la zone euro, Allemagne et France en tête, doivent en prendre conscience. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">En outre, il convient de constater que nous devons désormais renoncer à retrouver la « Croissance perdue », puisqu’une croissance aussi forte que celle vécue durant les Trente Glorieuses n’est tout simplement plus possible. Il nous semble convaincant et honnête de chercher à élaborer un modèle de société alternatif, ainsi que des indicateurs alternatifs au PIB, pour effectuer convenablement la transition vers une économie durable, solidaire, responsable, résiliente, compatible avec une croissance modérée ou relativement faible et adaptée au vieillissement de la population, au lieu de recourir à l’illusion d’une très forte croissance d’une façon plus ou moins manipulatrice. </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">(1) </span><a href="http://www.politis.fr/Competitivite-les-annonces-de-Jean,20015.html"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Michel Husson, « Compétitivité : les annonces de Jean-Marc Ayrault reposent sur ‘un diagnostic erroné’ », propos recueillis par Erwan Manac’h, <em>Politis</em>, jeudi 8 novembre 2012.</span></a></span></p>
Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.htmlCe que les hommes veulent apprendre de la naturetag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2012-08-04:47974542012-08-04T13:04:25+02:002012-08-04T12:45:00+02:00 Le fait qu’un individu puisse avoir (ou prendre) connaissance de...
<p> </p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">Le fait qu’un individu puisse avoir (ou prendre) connaissance de quelque chose implique nécessairement qu’il adopte un paradigme, un point de vue, une manière de penser, une croyance, un système de représentation plus ou moins idéologique ou une grille de lecture, qu’il en soit conscient ou non. Il lui arrive souvent d’adopter parmi plusieurs paradigmes ou plusieurs points de vue concurrents celui qui est considéré comme dominant à un moment donné. Ce choix peut également être déterminé par les intérêts économiques, l’appartenance à tel ou tel groupe social et la position politique de chacun. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">Si les « spécialistes » d’une discipline scientifique donnent généralement l’impression d’être « objectifs » et « neutres », il n’est pas rare qu’ils se donnent sciemment une telle apparence pour justifier quelque chose de difficilement justifiable, tout en sachant qu’elle n’est pas fondée. Si au contraire ils se considèrent vraiment comme tels, il n’est pas exclu qu’ils soient tout simplement incapables de se rendre compte qu’ils figurent parmi les acteurs directement intéressés (à certaines entreprises ou à certains secteurs) en raison même de leurs activités professionnelles. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">En tout état de cause, on peut dire que ces « spécialistes » adoptent un système de représentation complètement idéologique qui leur permet de dissimuler la réalité et de légitimer les modes d’organisation et de gouvernance des instituts de recherche (qui s’apparentent de plus en plus à ceux des entreprises cotées) et l’ensemble des activités et des pratiques habituelles des chercheurs dans ce cadre institutionnel, y compris la recherche et développement chez les grandes entreprises « qui, maîtresses de larges pans de la science, l’ont transmuée en ‘technoscience’ intégrée à leurs stratégies (1) ». Par ailleurs, la sociologie des sciences, qui doit avoir pour objet d’étude la vie concrète des communautés scientifiques, ne semble pas prêter suffisamment d’attention à leurs « conditions réelles d’existence». </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il ne suffit pas de constater que la frontière entre les « recherches fondamentales » et les « recherches appliquées » est en réalité toujours imprécise. Il convient plutôt de remarquer qu’une telle distinction est désormais presque hypocrite. Car, aujourd’hui partout dans le monde, les « recherches scientifiques » considérées dans leur ensemble sont effectivement motivées et justifiées par les seules impératifs du maintien (ou du rétablissement) de la compétitivité dans le contexte de la mondialisation. Certes ces bouleversements manifestement excessifs peuvent paraître non seulement compréhensibles mais aussi acceptables puisque la crise que traverse actuellement l’Europe risque de les favoriser. Mais il ne semble pas que cela puisse « aller plus loin en se poursuivant ainsi » sans « être la catastrophe ».</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';" lang="DE">Comme le soulignaient déjà Horkheimer et Adorno, „<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Was die Menschen von der Natur lernen wollen, ist, sie anzuwenden, um sie und die Menschen vollends zu beherrschen. </em></span><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">Nichts anderes gilt</span></em><span style="line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';"> (2)“.</span></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il faut sans cesse réfléchir sur les relations étroites entre la façon dont on connaît un objet et son intérêt téléologiquement rationnel à l’égard de celui-ci. Ce précepte peut également être valable pour une tentative d’autoréflexion critique (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">kritische Selbstreflexion</em>). Or c’est exactement ce que veulent contourner les « spécialistes » en tant que parties prenantes directement intéressés de certaines activités risquées, surtout lorsque ceux qui financent leurs « recherches » s’attendent à ce que ces activités soient rentables du moins pour un certain temps. Il nous semble donc indispensable de poursuivre dans l’espace public discussionnel une telle remise en cause dont nous souhaitons qu’elle soit radicale et continuelle. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">(1) Michel Beaud, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Face au pire des mondes</em>, Seuil, Paris, 2011, p. 86.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">(2) « Les hommes veulent apprendre de la nature comment l’utiliser, afin de la dominer plus complètement, elle et les hommes. C’est la seule chose qui compte » (Max Horkheimer et Theodor W. Adorno, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La dialectique de la Raison</em>, trad. Éliane Kaufholz, coll. « Tel », Gallimard, Paris, 1983, p. 22).</span></p>
Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.html„Wirklich, ich lebe in finsteren Zeiten“tag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2012-05-19:47212542012-05-19T16:53:02+02:002012-05-19T13:38:00+02:00 Aussi sombres que soient les temps dans lesquels nous...
<p> </p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 12pt; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';"><img id="media-3588174" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/media/00/00/2745352573.2.jpg" alt="41X6J3MYJ1L._SL500_AA300_.jpg" /></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';">Aussi sombres que soient les temps dans lesquels nous vivons, nous sommes surs que sa voix ne s’éteindra jamais vraiment.</span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p><br /></p><p> </p><p><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';"><br /></span></p><p> </p>
Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.htmlCe que les marchés financiers nomment les « incertitudes politiques »tag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2012-04-29:46972642012-05-01T13:42:05+02:002012-04-29T09:51:00+02:00 Comme d’habitude, les marchés financiers comptent profiter aussi...
<p> </p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Comme d’habitude, les marchés financiers comptent profiter aussi bien du premier tour de la présidentielle française (où le président sortant soutenu par la chancelière allemande s’est vu devancé par le candidat socialiste qui vient de réaffirmer son intention de renégocier le pacte budgétaire européen) que de la démission du gouvernement de centre-droit aux Pays-Bas pour « sanctionner » ce qu’ils nomment les « incertitudes politiques » ou, plus précisément en l’occurrence, les « événements négatifs » qui peuvent être considérés comme des signes de « recul » ou de « régression » sur le chemin d’une union budgétaire qui risque fort probablement de n’être finalement fondée que sur la discipline budgétaire rigoureuse renforcée.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: 110%;"><span style="font-size: small; line-height: 110%; font-family: 'Arial','sans-serif';">On s’attend à ce que les tensions remontent sur les marchés obligataires avec les <em>spreads</em> qui se recreusent, puisque les marchés financiers, qui préfèrent miser sur la transition vers une pseudo-fédération euro-libérale quand ils ne spéculent pas sur l’éventualité d’un éclatement plus ou moins catastrophique de la zone euro, savent jouer du « regain d’inquiétudes ».</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il est toutefois assez curieux que les analystes semblent ne plus guère éprouver le besoin de dissimuler, en commentant les indicateurs économiques dans la zone euro, pour le moment décevants ou désagréablement surprenants dans la plupart des cas, le fait que les politiques d’austérité contribuent à aggraver la contraction de l’activité économique et à replonger plusieurs pays européens dans la récession qui risque de se prolonger, en rendant ainsi (et paradoxalement en apparence) encore plus difficiles tous leurs efforts pour atteindre les objectifs budgétaires. Mais il faut bien entendu remarquer que leur explication est beaucoup moins choquante que celle des économistes atterrés : « Les pays européens instaurent durablement des politiques budgétaires [et salariales] restrictives qui vont lourdement peser sur la croissance. Les recettes fiscales vont chuter. Aussi, les soldes publics ne seront guère améliorés, les ratios de dette seront dégradés, les marchés ne seront pas <em>rassurés</em> (1) ». Tout se passe comme si les marchés financiers voulaient « sanctionner » parce que cela leur permet en fin de compte de ne pas être rassurés. Certes, tant qu’ils ne seront pas rassurés, ils pourront « sanctionner » de nouveau.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Il est également intéressant que les résultats du premier tour de la présidentielle française semblent avoir provoqué un changement inattendu dans l’attitude des dirigeants européens ou des éditorialistes des grands médias, qui ont été contraints de reconnaître la nécessité d’envisager une « réorientation des politiques » vers la croissance et l’emploi. « Sans demande, la croissance ne se matérialisera pas. Toutes les réformes que nous mettons actuellement en place sont déflationnistes », avoue Mario Monti. Même The Economist n’a pas hésité à reconnaître « un très bon point » dans l'opposition de François Hollande à « la sévère contraction budgétaire dirigée par l'Allemagne et qui étrangle les chances de rétablissement de la zone euro ». Cependant, l’un des dirigeants des trois partis d’opposition néerlandais qui ne sont bien évidemment ni travaillistes ni socialistes et qui ont accepté d’approuver un budget de rigueur réclamé par la Commission européenne en obtenant en contrepartie la démission du gouvernement et les élections législatives anticipées a fini par soutenir la thèse selon laquelle « une crise profonde exige des mesures douloureuses » plutôt que des mesures de relance. De manière à peu près identique, Herman Van Rompuy a affirmé que « les Européens n'avaient quasiment aucune marge de manœuvre pour faire de la relance », tout en critiquant les « demandes schizophrènes émanant des marchés qui veulent en même temps de la rigueur et de la croissance ». Selon le président de l’Union européenne, « les réformes structurelles prennent du temps et il en est de même pour leur impact sur l'emploi et la croissance ».</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">Certes, de tels propos nous déçoivent profondément. Mais une brèche a certainement été ouverte par le premier tour. Cela nous permet de retrouver des raisons d’espérer. Il faut nous rappeler que, du moins jusqu’à présent, même la grande brèche qui reste ouverte depuis le déclenchement de la crise financière mondiale n’a pas suffi, à elle seule, à démanteler le nouveau mur de l’argent. Les chances de ce démantèlement dépendent de notre capacité à sauver la dignité de la démocratie du diktat des marchés financiers et de la Troïka.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';">C’est là que nous constatons l’importance cruciale du second tour de la présidentielle française, ainsi que celle des élections législatives grecques du 6 mai prochain.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; line-height: normal;"><span style="font-size: small; font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span></p><p><span style="font-size: small; line-height: 115%; font-family: 'Arial','sans-serif';"> (1) Collectif, <em>Manifeste d’économistes atterrés</em>, Les Liens qui libèrent, Paris, 2010, p. 57.</span></p>
Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.htmlCe qui importe aujourd’hui par-dessus touttag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2011-10-21:38353112011-10-21T17:45:23+02:002011-10-21T17:45:23+02:00 Normal 0 0 2 false false...
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Aber vielleicht ist dem gänzlich anders. Vielleicht sind die Revolutionen der Griff des in diesem Zuge reisenden Menschengeschlechts nach der Notbremse“.</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">« Marx avait dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. <span> </span>Mais peut-être les choses se présentent-elles tout autrement.<span> </span>Il<em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;"> se peut</span></em><span class="st"><em> </em>que les<em> </em></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;">révolutions soient</span></em><span class="st"><em> </em>l'acte par lequel </span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;">l'humanité qui voyage</span></em><span class="st"><em> </em>dans ce<em> </em></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;">train tire</span></em><span class="st"> le<em> </em></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;">frein d'urgence </span></em>(1)<em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;"> »</span></em>.</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Déjà avant la crise financière et économique mondiale, il n’était pas rare que plusieurs voyageurs du train de l’histoire eussent le courage de tirer la poignée du dispositif pour activer le signal d’alarme (<em>Notbremse</em>).<span> </span>Jusqu’à récemment, chaque fois que certains d’entre nous avaient recours à cet acte révolutionnaire, les mécaniciens de locomotive, ainsi que les gestionnaires du système de contrôle automatique de train, l’ignoraient volontairement en désactivant tout de suite le dispositif avant d’en dénoncer les auteurs pour leur faire infliger l’amende.</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Mais, surtout après le déclenchement de la crise financière mondiale à l’automne 2008, les auteurs d’un tel acte sont devenus trop nombreux et leur indignation à l’égard du capitalisme financiarisé est trop largement partagée par les citoyens du monde entier pour que la compagnie du chemin de fer de l’économie-monde capitaliste puisse les faire expulser et punir, même s’ils appellent à occuper le centre de son système de contrôle automatique de train.<span> </span>La « compréhension » à l’égard du mouvement anti-Wall Street (ou du mouvement des indignés synchronisé à l’échelle mondiale) exprimée par quelques-unes des personnalités très influentes qui figurent parmi les maîtres actuels du monde en témoigne éloquemment.<span> </span>Cependant, du moins pour le moment, il semble difficile d’obtenir des concessions substantielles de la part de ces derniers, puisqu’ils sont loin d’avoir réussi à se rappeler qu’il convient de « tout changer pour que rien ne change ». <span> </span>En d’autres termes, il semble peu plausible qu’ils soient disposés à accepter la refondation du régime d’accumulation sur un compromis institutionnel digne de ce nom pour le rendre à nouveau viable.</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">En tout état de cause, ce qui importe aujourd’hui par-dessus tout, c’est que les voyageurs les plus courageux du train de l’histoire, qui se sont élevés contre le système-monde moderne, font tous leurs efforts pour stopper ce train qui continue à rouler à toute vitesse sur la voie menant tout droit au précipice, tandis que les dirigeants de la zone euro, de l’Union européenne ou du G 20 « discutent » en poursuivant les tractations à huis clos pour trouver une solution « susceptible de convaincre les investisseurs » à la crise dite « souveraine » ou « européenne » sous la pression des marchés financiers qui « s’inquiètent » de leur capacité à gérer la crise comme si ceux-ci se comportaient, avec les agences de notation, en arbitres neutres, entièrement dispensés de se reconnaître responsables de la crise qu’ils ont provoquée il y a trois ans, comme si la spéculation à la hausse<em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;"> sur les tulipes</span></em> très évoluées avant l’éclatement des bulles et celle à la baisse sur les dettes souveraines ou sur les actions des banques européennes dans la phase récente de la crise devaient être considérées comme bienfaisantes.</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">La restructuration des dettes souveraines implique l’augmentation de la décote « demandée » aux créanciers privés, laquelle nécessite davantage de fonds pour recapitaliser les banques européennes, ce qui exige le renforcement du FESF.<span> </span>On peut avoir l’impression d’assister à la représentation d’une pièce classée dans le théâtre de l’absurde plutôt qu’à celle d’une « tragédie grecque », si bien qu’un certain nombre de citoyens européens semblent ne plus hésiter à prétendre en paraphrasant Sartre que « l’enfer, ce n’est pas seulement l’union monétaire à l’état actuel, mais aussi l’Europe elle-même ».<span> </span>Mais en réalité, ce qui est l’enfer, c’est, entre autres, la financiarisation de l’économie, la pression incessante des marchés, la prophétie auto-réalisatrice des agences de notation, le comportement des banques d’investissement et des fonds spéculatifs, les ventes à découvert et les CDS.<span> </span>J’estime instructif de consulter l’économiste<span> </span>Jacques Généreux : « Plus fondamentalement, la crise de la zone euro – indissociable de la crise financière internationale ouverte en 2008 – est un sous-produit du développement du capitalisme financiarisé, c'est-à-dire des pleins pouvoirs donnés aux gestionnaires de capitaux pour imposer leur volonté aux entreprises comme aux salariés, pour développer n’importe quel type de spéculation, pour bouleverser la répartition des revenus au seul avantage des plus riches (2) ».<span> </span>Il est temps de « s’affranchir de l’eurolibéralisme sans sortir de l’Union européenne » comme le propose Jacques Généreux.<span> </span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR"><span> </span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="DE">(1) Walter Benjamin, <em>Gesammelte Schriften,</em> <em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;">Bd. </span></em></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">I</span></em><span class="st"><span lang="FR">, </span></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">3</span></em><span class="st"><span lang="FR">, </span></span><span lang="DE">Suhrkamp</span><span lang="FR">, <span class="st">Frankfurt, 1977</span>, p. 1232<span class="st"> ; <span> </span>cité et traduit par </span>Michael Löwy à la fin (p. 24) de sa préface à un recueil de textes choisis de Benjamin intitulé <em>Romantisme et critique de la civilisation</em> (Payot, Paris, 2010).<span> </span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">(2) Jacques Généreux, <em>Nous on peut !</em>, Seuil, Paris, 2011, pp. 119-120. </span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR"><span> </span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR"><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;"><br /></span></em> </span></p>
Tosihttp://sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com/about.html« L'esprit humain pourra-t-il surmonter ce que l'esprit humain a fait ? »tag:sousleciellibredelhistoireunterdemfreienhimmeldergeschichte.hautetfort.com,2011-09-01:37618662011-09-01T18:40:42+02:002011-09-01T17:35:00+02:00 Dans son discours prononcé trois jours avant le référendum sur le...
<p> </p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Dans son discours prononcé trois jours avant le référendum sur le nucléaire en Italie, le pape Benoît XVI (dont on ne doit pas sous-estimer le fait qu’il est le co-auteur d’un livre avec Jürgen Habermas) s’est exprimé ainsi : « En dilatant l’aspect relationnel du travail à la planète, la technique imprime à la mondialisation un rythme particulièrement accéléré. <span> </span>Or, le fondement du dynamisme du progrès revient à l’homme qui travaille, et non à la technique qui n’est qu’une création humaine. <span> </span>Miser tout sur elle ou croire qu’elle est l’agent exclusif du progrès, ou du bonheur, entraîne une chosification de l’homme qui aboutit à l’aveuglement et au malheur quand celui-ci lui attribue et lui délègue des pouvoirs qu’elle n’a pas. <span> </span>Il suffit de constater les « dégâts » du progrès et les dangers que fait courir à l’humanité une technique toute-puissante et finalement non maîtrisée. <span> </span>La technique qui domine l’homme le prive de son humanité (1) ».</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Je pense que Hiroshima, Tchernobyl et Fukushima exigent de nous le maintien de l’attitude radicalement critique à l’égard de la science et de la technique.<span> </span>L’abandon volontaire ou involontaire de cette attitude risque de nous conduire à consentir facilement à ce que les centrales nucléaires les plus dangereuses <span> </span>(dont l’exploitation a été suspendue) soient remises en activité.</span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Contrairement à ce que prétendent souvent certains « progressistes », il n’est pas certain que la science et la technique soient « neutres », qu’il ne s’agisse que d’un problème qui consiste simplement dans leur « détournement » par le capital industriel (ou financier) et l’Etat technocratique et qu’il suffise donc de distinguer leur état « normal » de celui « altéré par des facteurs externes » pour les sauver.<span> </span>La réflexion sur la faisabilité d’une telle distinction me semble moins prioritaire que celle sur le point de savoir ce que veut dire « être neutre ». <span> </span>Mais au fond, la « neutralité » peut-elle leur procurer un alibi crédible, si tout ce qui sert d’instrument est également « neutre » ? </span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Par exemple, le fait que le taylorisme fût considéré comme un « management scientifique » ou comme une « organisation scientifique du travail » ne manque pas de nous rappeler que la science et la technique continuent depuis les Lumières (</span><em><span lang="DE">Aufklärung</span></em><span lang="FR">) à servir d’instruments pour rationaliser non seulement la domination et<span> </span>l’exploitation de la nature par l’homme mais aussi celles de l’homme par l’homme et qu’elles sont ainsi étroitement liées à la raison instrumentale (</span><em><span lang="DE">instrumentale Vernunft</span></em><span lang="FR">) au sens « francfortois » du terme.</span></p><p class="MsoNormal"><span class="st"><span lang="FR">Dans la période de l’entre-deux-guerres, Paul Valéry avait posé à ses contemporains la question suivante : « L'</span></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">esprit humain pourra</span></em><span class="st"><em><span lang="FR">-</span></em></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">t</span></em><span class="st"><em><span lang="FR">-</span></em></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">il surmonter </span></em><span class="st"><em></em><span lang="FR">ce que l'</span></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">esprit humain</span></em><span class="st"><span lang="FR"> a </span></span><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">fait </span></em><span class="st"><em></em><span lang="FR">? »<span> </span>Mais aujourd’hui, surtout après Fukushima, nous nous sentons confrontés à une situation encore plus grave, puisque nous sommes contraints de nous demander si les fameux « spécialistes sans esprit (</span></span><em><span style="font-family: Arial;" lang="DE">Fachmenschen ohne Geist</span></em><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">) » pourront surmonter ce qu’ils refusent de cesser.</span></em></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">Bien sûr, les affaires scientifico-techniques sont des choses trop sérieuses pour les confier à ces « </span><em><span style="font-family: Arial;" lang="DE">Fachmenschen</span></em><span lang="FR">», aussi bien qu’en matière d’énergie nucléaire que de biotechnologie (ou d’ingénierie financière).<span> </span>L’orientation fondamentale et la prise de décisions les concernant doivent être elles aussi fondées sur le débat démocratique dans l’espace public (</span><em><span lang="DE">öffentlicher Raum</span></em><span lang="FR">) en tant qu’espace discussionnel.<span> </span>Cependant, pour que la discussion publique, nécessaire pour interrompre et contrer la transformation catastrophique de l’</span><em><span lang="DE">Aufklärung</span></em><span lang="FR"> ou de la raison en une nouvelle forme de mythe ou de barbarie, puisse s’orienter démocratiquement dans la bonne direction, il faut que les citoyens qui doivent y participer sachent se garder de penser d’une manière uniquement « scientifique (ou économique) » et donc unidimensionnelle, sans se laisser bourrer le crâne de connaissances purement « scientifiques (ou économiques) » par un « éclaircissement » globalitaire industriellement organisé, sans oublier que la science n’est qu’un des produits de l’esprit humain, pour prendre prioritairement en considération les préoccupations éthiques, les valeurs humanistes, la responsabilité historique des générations présentes à l’égard de toutes les <span> </span>générations passées et futures ou l’attention portée sur les arts, la littérature, le folklore, la sagesse populaire, le monde de la vie (</span><em><span style="font-family: Arial;" lang="DE">Lebenswelt</span></em><em><span style="font-family: Arial; font-style: normal;" lang="FR">), la contre-culture etc.</span></em></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR"><span> </span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR">(1) <a href="http://rome-vatican.blogs.la-croix.com/benoit-xvi-un-pape-ecolo/2011/06/09/">http://rome-vatican.blogs.la-croix.com/benoit-xvi-un-pape-ecolo/2011/06/09/</a></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR"><span> </span></span></p>