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23/08/2010

Ce que signifie la stratégie allemande étendue à l’Europe

Depuis le 23 juillet dernier, les ministres et les banquiers centraux de la zone euro semblent se comporter comme s’ils croyaient que les données et les arguments ne leur manqueraient pas pour se montrer optimistes. En s’en félicitant, ils ont pu évoquer entre autres l’apaisement de la crise de la dette souveraine des pays « périphériques », les résultats des tests de résistance qui « ont montré de façon évidente que le paysage bancaire européen était suffisamment robuste » selon Jean-Claude Juncker, la situation qui « se normalise » sur le marché interbancaire et la dissipation de la crainte de voir les banques durcir considérablement leurs conditions d’octroi de crédits aux entreprises et aux ménages, avant même que l’on ne constatât la croissance du PIB meilleure que prévu au deuxième trimestre.

Même si, du moins pour le moment, les mauvais indicateurs qui, venant d’Outre-Atlantique ou d’ailleurs, témoignent du ralentissement de la reprise mondiale ont pu dissuader la BCE d’entreprendre prématurément une « stratégie de sortie », les gouvernements européens semblent toutefois rester déterminés à « poursuivre » leurs plans d’austérité dont tout le monde sait d’avance qu’ils ne manqueront pas de peser tant sur la reprise de l’économie européenne que sur celle de l’économie mondiale. Par ailleurs, il est assez facile de relativiser les bons chiffres de la croissance européenne obtenus au deuxième trimestre, puisqu’ils résultent principalement du rebond des exportations allemandes qui dépendent de la reprise mondiale et qui risquent donc de suivre fidèlement le ralentissement de celle-ci.

Certes, les pays du noyau dur de la zone euro peuvent prétendre que leurs perspectives sur la demande privée sont relativement bonnes, dans la mesure où ils se sentent à l’échelle nationale moins obligés de compenser le désendettement des entreprises et des ménages que les Etats-Unis. Cependant, si l’on tient compte de leurs déficits budgétaires et de leurs dettes publiques qui sont également moins graves que ceux de la plupart de leurs partenaires et qui leur laissent encore certaines marges de manœuvre qu’il faut envisager à l’échelle communautaire ou mondiale, leur attitude peut paraître plutôt égoïste et injustifiable surtout lorsqu’ils accordent une priorité excessive à leur propre stratégie d’assainissement budgétaire « à moyen terme ».

Comme l’affirme Jean-Paul Fitoussi, la politique budgétaire restrictive n’est pas « ce que l’on peut appeler une politique coopérative », puisque « ce type de politique ne peut […] réussir que si un seul grand pays s’y aventure (avec le consentement improbable des autres) – ou si elle n’implique qu’un nombre réduit de petits pays (1)». Il ne semble pas souhaitable que la stratégie allemande s’étende à l’Europe tout entière.

 

(1) http://www.marianne2.fr/La-rigueur-c-est-le-protectionnis...

 

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